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Covid-19 – Une grande Perturbation existentielle?

Lors de ma dernière session, j’ai « flirté » avec quelques grands philosophes dans le cadre d’un cours d’épistémologie, ce qui m’a ouvert d’autres perspectives sur la façon d’interpréter la société et les organisations. J’ai réalisé notamment que la vérité n’existait pas… mais je vous en reparlerai une autre fois; ça me donne encore des crampes au cerveau. 😉 Aujourd’hui, je voulais vous parler du concept de perturbation existentielle. Ce que c’est, et à quoi ça sert. 

Selon le philosophe allemand Martin Heidegger (1889-1976), une perturbation existentielle se produit « lorsque la relation que nous entretenons avec nos activités quotidiennes n’a plus de sens ». Si on considère que le quotidien de la planète est chamboulé en ce moment; que le rendez-vous professionnel qui était si important demain a perdu aujourd’hui tout son sens; que l’anniversaire de grand-papa se fera par vidéoconférence; que notre position dans le pool de hockey ne veut plus rien dire; que toutes les écoles et les événements publics sont annulés; que notre relation avec le papier de toilette s’est complètement transformée. On peut dire sans se tromper que nous vivons en ce moment une perturbation existentielle significative. 

Toujours selon Heidegger, une perturbation existentielle teste quelque chose de bien plus important que notre intellect ou nos compétences – elle teste notre façon d’Être dans le monde. Par ailleurs, comme le fait remarquer le philosophe américain Thomas Kuhn,(1922-1996)  «les crises sont une condition préalable nécessaire à l’émergence de nouvelles théories». Donc, selon ces principes, le coronavirus nous mettrait dans un « état d’être » éloigné des conventions habituelles; et voilà une occasion de jeter un regard différent sur notre monde et notre rôle dans ce monde. 

Pour ceux qui le peuvent, profitons de ces quelques semaines (voire quelques mois…) de repos forcé pour ralentir, pour respirer, pour s’apprécier, pour faire une introspection sur nos vies de fous et sur notre société. Depuis des décennies, nous menons tous une course effrénée derrière le train de la modernité, un train qui carbure à la croissance obligatoire, au changement constant et à l’accélération exponentielle qui nous rendent tous un peu aliénés (Hartmut Rosa, 2014) et qui détruit notre environnement.   

Au-delà de la perturbation existentielle et des nombreuses pertes de vie annoncées, nous pouvons espérer que cette pandémie soit précurseur de nouvelles théories sur le vivre-ensemble à l’échelle mondiale, sur le télé-travail, le « be local », l’essentiel et le moment présent. 

Nathalie Brunette, MBA
NB Communication / diAlgo
Doctorante en gestion de projet à l’UQO

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